Vingt-quatre heures durant, lundi 14 octobre, la Chine communiste a encerclé Taïwan. Cent cinquante-trois avions et 36 navires ont coupé ce pays du monde mais si impressionnante qu’ait été cette démonstration de force, à quoi visait-elle ?
Diplomates, sinologues et militaires en sont toujours à se le demander car s’il s’agissait d’une répétition, si M. Xi se prépare vraiment à annexer la Chine démocratique – à réunifier la Chine, dirait-il – où cela le mènerait-il et mènerait-il le monde ?
Après de longs combats, la dictature chinoise finirait par prendre le contrôle de cette île plus étendue que la Belgique mais outre qu’elle se heurterait alors à une durable résistance, elle serait en fait perdante sur tous les fronts. Inde et Japon en tête, l’Asie serrerait les rangs contre une puissance qui ambitionne de la vassaliser tout entière. Les Etats-Unis se rangeraient immédiatement aux côtés de cette alliance à la constitution de laquelle ils travaillent déjà. L’Union européenne le ferait également car on la voit mal appuyer la Chine communiste contre les Etats-Unis et le reste de l’Asie.
Non seulement le régime chinois s’isolerait mais son économie en serait considérablement affaiblie car, déjà mal en point, elle aurait à souffrir d’une forte diminution de ses exportations vers le monde occidental. A envahir Taïwan, M. Xi Jinping n’aurait rien à gagner. Il aurait, au contraire, beaucoup à perdre et si ces gesticulations n’ont pas d’autre but que d’intimider cette démocratie, il se trompe aussi car leur effet est inverse.
Ces manœuvres à répétition ne font qu’amener Taïwan à renforcer ses systèmes de Défense, les Etats-Unis à affirmer leur présence navale dans la région et les pays asiatiques à faire front.
Sans plus de subtilité qu’une catapulte, M. Xi n’est décidément pas le meilleur des dirigeants possibles pour une Chine qui aurait désormais tant besoin de réfléchir aux responsabilités que lui confère la place qu’elle a acquise, de se faire des amis et de rassurer le monde sur ses intentions.
Plutôt, troisième erreur, que d’abuser de la compétitivité de ses coûts de production pour tenter d’éliminer ses concurrents européens, la Chine devrait chercher à définir des relations économiques équilibrées avec l’Union afin d’en faire un élément de modération de son bras-de-fer avec les Etats-Unis.
Plutôt, quatrième erreur, que d’appuyer l’agression russe contre l’Ukraine, la Chine devrait comprendre que l’Europe ne peut pas voir en elle un partenaire fiable alors qu’elle prête la main à une guerre d’annexion aux frontières de l’Union.
Plutôt, cinquième erreur, que de s’acharner à menacer l’indépendance de Taïwan, le président chinois devrait proposer à l’autre Chine une coopération économique toujours plus large qui l’arrimerait au continent sans pour autant en faire un protectorat. Une Chine qui voudrait et saurait désarmer l’inquiétude qu’elle suscite devrait déclarer qu’il n’y a qu’une seule Chine mais que son unification ne pourra qu’être pacifique et découler d’une volonté conjointe et librement exprimée des populations des deux Etats actuellement existants.
M. Xi rassurerait ainsi l’Asie, l’Europe et les Etats-Unis. Il multiplierait ses soutiens et donnerait à voir une assurance dont tout montre aujourd’hui qu’elle lui manque.
(Photo: © Taiwan Presidential Office 2016)