Donald Poutine et Vladimir Trump

L’Amérique est une démocratie. C’est ce qui fait que Donald Trump n’est pas Vladimir Poutine car à la différence du président russe, il finira par se heurter à des contre-pouvoirs, ceux de la magistrature, du Congrès, de la presse, des gouverneurs et de la Réserve fédérale.

Il y a des limites au pouvoir de Donald Trump que celui de Vladimir Poutine ne connait pas mais, entre ces deux hommes, les ressemblances politiques donnent aujourd’hui le vertige.

L’un et l’autre savent si bien qu’un mensonge martelé devient vite une vérité débattue qu’on ne sait plus lequel est le plus grand menteur des deux, celui qui assure que des « nazis » gouverneraient l’Ukraine ou celui qui persiste à dire que Joe Biden lui aurait « volé » sa réélection en novembre 2020.

L’un et l’autre haïssent la liberté de la presse et tandis que Vladimir Poutine y a mis fin, Donald Trump s’acharne à l’affaiblir en la dénonçant comme l’arme première du pouvoir occulte qui dominerait l’Amérique.

L’un et l’autre ne voient dans la Justice qu’un instrument de l’exécutif dont Poutine a fait une machine à embastiller ses opposants et que Trump a entrepris de mettre à sa main en s’assurant le soutien de la Cour suprême.

L’un et l’autre gouvernent en confondant les pouvoirs de l’argent et de l’État dans un système d’oligarchie que la Russie post-communiste avait réinventé trente ans avant que Donald Trump ne l’importe aux États-Unis.

L’un et l’autre veulent enterrer la concertation des nations et le droit international en rendant leur prééminence aux intérêts des grandes puissances et à leur volonté d’extension territoriale au Groënland comme en Ukraine.

L’un et l’autre s’assurent enfin un soutien populaire en se faisant défenseurs des bonnes mœurs, de la religion, d’une répartition des rôles entre l’homme chasseur et la femme au foyer et de toutes les traditions d’hier, nationales, cultuelles et culturelles, dont le recul perturbe une large partie des sociétés des cinq continents.

Derrière ce masque conservateur, ce qu’incarnent Donald Trump et Vladimir Poutine c’est un retour à la loi de la jungle fondé sur un rejet de l’État arbitre, du droit rebaptisé « réglementation », de la redistribution des revenus et de la volonté de moralisation des relations internationales. Comme avec MM. Xi, Modi, Orban et tant d’autres, on en revient avec eux à la toute-puissance de l’argent et à cette brutalité des relations sociales et internationales qui avaient dominé le monde jusqu’à la fin de la Première guerre mondiale et la défaite du nazisme.

Cette « internationale réactionnaire », pour reprendre les mots d’Emmanuel Macron, tire sa force de l’épuisement intellectuel des grands partis qui avaient rebâti le monde après-guerre. Parce qu’elle remplit un vide, elle ne s’affaiblira pas de sitôt et c’est pour cela qu’il faut la combattre en opposant partout la coalition des démocrates à celle de l’oligarchie, du pouvoir de quelques puissants et riches.

Comme durant la guerre mais sans doute pour plus longtemps il s’agit aujourd’hui de faire l’union de tous les démocrates, de droite et de gauche, contre ceux qui voudraient en finir avec la démocratie et ne craignent plus de le dire. C’est sans attendre que cela doit se faire en Europe afin que ce bastion de l’État de droit qu’est l’Union ne tombe pas aux mains des admirateurs de Donald Poutine et Vladimir Trump.

(Photo: Kremlin.ru via Wikimedia Commons 2019)

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Donald Poutine et Vladimir Trump

L’Amérique est une démocratie. C’est ce qui fait que Donald Trump n’est pas Vladimir Poutine car à la différence du président russe, il finira par se heurter à des contre-pouvoirs, ceux de la magistrature, du Congrès, de la presse, des gouverneurs et de la Réserve fédérale.

Il y a des limites au pouvoir de Donald Trump que celui de Vladimir Poutine ne connait pas mais, entre ces deux hommes, les ressemblances politiques donnent aujourd’hui le vertige.

L’un et l’autre savent si bien qu’un mensonge martelé devient vite une vérité débattue qu’on ne sait plus lequel est le plus grand menteur des deux, celui qui assure que des « nazis » gouverneraient l’Ukraine ou celui qui persiste à dire que Joe Biden lui aurait « volé » sa réélection en novembre 2020.

L’un et l’autre haïssent la liberté de la presse et tandis que Vladimir Poutine y a mis fin, Donald Trump s’acharne à l’affaiblir en la dénonçant comme l’arme première du pouvoir occulte qui dominerait l’Amérique.

L’un et l’autre ne voient dans la Justice qu’un instrument de l’exécutif dont Poutine a fait une machine à embastiller ses opposants et que Trump a entrepris de mettre à sa main en s’assurant le soutien de la Cour suprême.

L’un et l’autre gouvernent en confondant les pouvoirs de l’argent et de l’État dans un système d’oligarchie que la Russie post-communiste avait réinventé trente ans avant que Donald Trump ne l’importe aux États-Unis.

L’un et l’autre veulent enterrer la concertation des nations et le droit international en rendant leur prééminence aux intérêts des grandes puissances et à leur volonté d’extension territoriale au Groënland comme en Ukraine.

L’un et l’autre s’assurent enfin un soutien populaire en se faisant défenseurs des bonnes mœurs, de la religion, d’une répartition des rôles entre l’homme chasseur et la femme au foyer et de toutes les traditions d’hier, nationales, cultuelles et culturelles, dont le recul perturbe une large partie des sociétés des cinq continents.

Derrière ce masque conservateur, ce qu’incarnent Donald Trump et Vladimir Poutine c’est un retour à la loi de la jungle fondé sur un rejet de l’État arbitre, du droit rebaptisé « réglementation », de la redistribution des revenus et de la volonté de moralisation des relations internationales. Comme avec MM. Xi, Modi, Orban et tant d’autres, on en revient avec eux à la toute-puissance de l’argent et à cette brutalité des relations sociales et internationales qui avaient dominé le monde jusqu’à la fin de la Première guerre mondiale et la défaite du nazisme.

Cette « internationale réactionnaire », pour reprendre les mots d’Emmanuel Macron, tire sa force de l’épuisement intellectuel des grands partis qui avaient rebâti le monde après-guerre. Parce qu’elle remplit un vide, elle ne s’affaiblira pas de sitôt et c’est pour cela qu’il faut la combattre en opposant partout la coalition des démocrates à celle de l’oligarchie, du pouvoir de quelques puissants et riches.

Comme durant la guerre mais sans doute pour plus longtemps il s’agit aujourd’hui de faire l’union de tous les démocrates, de droite et de gauche, contre ceux qui voudraient en finir avec la démocratie et ne craignent plus de le dire. C’est sans attendre que cela doit se faire en Europe afin que ce bastion de l’État de droit qu’est l’Union ne tombe pas aux mains des admirateurs de Donald Poutine et Vladimir Trump.

(Photo: Kremlin.ru via Wikimedia Commons 2019)

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