Ils se disent « patriotes » mais en quoi le seraient-ils ? On cherche. On écoute et réécoute les discours prononcés samedi par leurs dirigeants réunis à Madrid et ce qu’on entend dans la bouche de Viktor Orban, de Marine Le Pen et de leurs amis n’est qu’enthousiasme pour cette « accélération de l’Histoire » qu’incarnerait Donald Trump.
Un président des Etats-Unis menace d’annexer par la force un territoire européen, le si riche et stratégique Groënland, et les partis qui ont formé le troisième groupe du Parlement européen, les « Patriotes pour l’Europe », s’abstiennent patriotiquement d’en dire un seul mot.
Sans doute avaient-ils oublié ce détail. Sans doute n’ont-ils pas non plus perçu l’élan patriotique qui s’est emparé de tout le Canada, de ses anglophones, de ses francophones et de tous ses partis, depuis que Donald Trump veut l’intégrer aux Etats-Unis. Sans doute ces Patriotes pour l’Europe ont-ils également oublié que si le Canada a toujours pour souverain un monarque européen, Charles III, c’est qu’il n’a jamais voulu se laisser absorber par un trop puissant voisin mais qu’importe à leurs yeux !
Extasiés par leur idole, ils sont non seulement prêts à lui abandonner le Groënland et le Canada mais aussi les intérêts, la sécurité et l’indépendance de l’Europe entière. Car enfin, Mesdames et Messieurs les Patriotes, n’aviez-vous rien à dire des faramineux droits de douane que votre ami Donald menace de nous imposer à nous autres Européens ?
Eh bien non ! Les Patriotes pour l’Europe n’ont pas eu un mot pour défendre l’agriculture, l’industrie et donc les emplois européens auxquels leur ami américain veut pourtant s’attaquer. A longueur de discours, Marine Le Pen en tête, ils ont pourfendu la volonté européenne de lutter contre le réchauffement climatique mais sur la guerre commerciale que nous déclare Donald Trump, rien, pas la moindre proposition de riposte ou de contre-feu, pas la moindre allusion mais le plus stupéfiant n’est pas là.
Leur héros a si bien fait comprendre qu’il n’avait aucune envie de nous défendre et préférait annexer le Groënland que plus personne en Europe ne discute le besoin d’une Défense commune mais qu’en ont dit, samedi, ces patriotes européens ?
Rien non plus, pas un seul mot de cette trahison d’un allié qui nous lâche en rase campagne, du jour au lendemain, et de la nécessité pour nous autres Européens d’augmenter nos dépenses militaires et de jeter les bases d’industries paneuropéennes d’armement.
Leur silence était tel qu’il faisait distinctement comprendre qu’ils ne verraient pas d’inconvénient à devoir s’entendre avec leur autre source d’inspiration, Vladimir Poutine, leur autre ami, l’homme que Matteo Salvini admire tant, qui avait reçu la candidate Le Pen le 24 mars 2017 et dont Viktor Orban est le cheval de Troie.
Ces Patriotes pour l’Europe auraient dû s’appeler « Patriotes pour Trump » ou « Patriotes pour Poutine » mais puisque ce n’est pas le patriotisme européen qui les réunit, qu’ont-ils en commun ?
Bien au-delà du rejet de l’immigration, deux choses essentielles. L’une est l’horreur d’un droit et de lois, d’une Justice, qui s’imposent à tous, gouvernements et citoyens, pauvres et riches. L’autre est la haine de cet Etat arbitre et redistributeur que Donald Trump et leur ami Javier Milei, le tronçonneur argentin, s’emploient si frénétiquement à démanteler. L’idéal commun de ces patriotes qui le sont si peu, c’est le pouvoir aux plus riches, l’oligarchie à la russe et désormais à l’américaine : le contraire de la démocratie.
(Photo: Patriots.eu)