Intervention lors du débat plénier sur la condamnation arbitraire de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal et du journaliste Christophe Gleizes
Puisque ce texte, vous le lirez, je m’adresse à vous, vous qui dirigez l’Algérie.
Emprisonner un homme âgé et malade dont le seul tort est d’avoir écrit des choses qui vous déplaisent, c’est d’abord immoral et pour tout dire, honteux.
Vous devez donc libérer Boualem Sansal dans l’heure, et cela d’autant plus qu’à le maintenir en détention, vous semblez dire que votre pouvoir et l’Algérie entière seraient à la merci d’un écrit historique sur le tracé des frontières du Maroc et de l’Algérie par la puissance coloniale.
Prétendre que ces écrits pourraient menacer l’intégrité territoriale algérienne, c’est à la fois vous ridiculiser et abaisser votre pays qui peut résister à beaucoup plus que ces quelques pages d’écriture.
Et puis, messieurs, cette détention nuit à l’image internationale de l’Algérie plus que vous ne le semblez le penser. Il n’y a pas que les lecteurs de Boualem Sansal qui s’indignent. Il y a tous les pays d’Europe qui se demandent sans comprendre quels comptes vous réglez là, où vous voulez conduire l’Algérie et quels alliés vous lui cherchez.
Il y a notre Histoire commune, celle de la Mare nostrum qui ne peut pas admettre que vous fassiez tout, toujours tout, absolument tout, pour empêcher qu’un Maghreb uni puisse œuvrer avec l’Europe unie à la commune prospérité de nos peuples.
Il est humain, messieurs, de se tromper, mais diabolique de persévérer.