Français, encore un effort !

Cela frise la dépression nerveuse. Rares sont aujourd’hui les Français à ne pas croire que leur pays roule vers les fonds noirs d’un inévitable abîme et que l’Europe serait en voie de disparition, affaiblie, exsangue, rayée de la carte.

Alors, non ! Chers Français, non, non seulement la France et le reste de l’Europe ne sont pas déjà morts mais notre continent retrouve, bien au contraire, une vitalité politique. Face aux nostalgies impériales de Vladimir Poutine, la Grande-Bretagne fait front avec l’Union européenne. L’Europe n’a jamais été aussi unie qu’aujourd’hui et, face aux dérives de Donald Trump et à ses tentations de s’entendre avec la Russie, les Européens ont su constituer, un nouveau pôle de puissance avec l’Australie, le Canada, le Japon et d’autres encore.

L’échec est possible. Il deviendrait à peu près certain si l’extrême-droite arrivait au pouvoir à Paris, Londres ou Berlin mais, pour l’heure, l’Europe et la Coalition des volontaires semblent avoir commencé à déciller les yeux de Donald Trump. Parce qu’il est humilié par Vladimir Poutine qui refuse tout compromis en Ukraine et, surtout, inquiet du resserrement des liens entre la Chine et la Russie, le président américain en vient à voir que les Etats-Unis ont besoin de leurs alliés de toujours pour faire face à de nouveaux défis d’ampleur.

Largement insufflé par la France, le volontarisme des Européens amorce un changement de donne. Même si Donald Trump ne se rapprochait finalement pas de l’Ukraine et des Européens, l’Europe a repris du muscle politique. L’Europe est à l’œuvre mais que voient les Français, leur immense majorité en tout cas ?

Les Français voient que la Hongrie et la Slovaquie manquent à l’appel de l’unité européenne, moins de quinze millions d’habitants à eux deux, mais ne voient pas que Varsovie et Berlin, Londres et Paris, Rome et Madrid, Lisbonne et Helsinki sont unis dans leur refus de laisser Poutine l’emporter. Les Français voient leurs gouvernements tomber et gronder une colère sociale mais ne voient pas que dans cette affirmation de l’Europe, la France joue un rôle essentiel.

La raison en est qu’ils sont saisis d’effroi.

Les Français croyaient former une grande puissance, magnifique et solitaire. Ils se découvrent obligés de puiser leurs forces dans l’unité européenne. Depuis la Révolution française et le général de Gaulle, ils croyaient avoir un génie singulier. Ils découvrent qu’ils ont, eux aussi, à réinventer une scène politique dévastée. Ils se croyaient au cœur du monde mais ont maintenant réalisé que le monde n’a plus ni règles ni équilibres, qu’il est à reconstruire et que la guerre menace.

On déprimerait à moins mais il serait temps que les Français se souviennent des trois mots prêtés à Bonaparte : « Impossible n’est pas français ».

Photo : © Graeme Churchard @ Flickr

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Français, encore un effort !

Cela frise la dépression nerveuse. Rares sont aujourd’hui les Français à ne pas croire que leur pays roule vers les fonds noirs d’un inévitable abîme et que l’Europe serait en voie de disparition, affaiblie, exsangue, rayée de la carte.

Alors, non ! Chers Français, non, non seulement la France et le reste de l’Europe ne sont pas déjà morts mais notre continent retrouve, bien au contraire, une vitalité politique. Face aux nostalgies impériales de Vladimir Poutine, la Grande-Bretagne fait front avec l’Union européenne. L’Europe n’a jamais été aussi unie qu’aujourd’hui et, face aux dérives de Donald Trump et à ses tentations de s’entendre avec la Russie, les Européens ont su constituer, un nouveau pôle de puissance avec l’Australie, le Canada, le Japon et d’autres encore.

L’échec est possible. Il deviendrait à peu près certain si l’extrême-droite arrivait au pouvoir à Paris, Londres ou Berlin mais, pour l’heure, l’Europe et la Coalition des volontaires semblent avoir commencé à déciller les yeux de Donald Trump. Parce qu’il est humilié par Vladimir Poutine qui refuse tout compromis en Ukraine et, surtout, inquiet du resserrement des liens entre la Chine et la Russie, le président américain en vient à voir que les Etats-Unis ont besoin de leurs alliés de toujours pour faire face à de nouveaux défis d’ampleur.

Largement insufflé par la France, le volontarisme des Européens amorce un changement de donne. Même si Donald Trump ne se rapprochait finalement pas de l’Ukraine et des Européens, l’Europe a repris du muscle politique. L’Europe est à l’œuvre mais que voient les Français, leur immense majorité en tout cas ?

Les Français voient que la Hongrie et la Slovaquie manquent à l’appel de l’unité européenne, moins de quinze millions d’habitants à eux deux, mais ne voient pas que Varsovie et Berlin, Londres et Paris, Rome et Madrid, Lisbonne et Helsinki sont unis dans leur refus de laisser Poutine l’emporter. Les Français voient leurs gouvernements tomber et gronder une colère sociale mais ne voient pas que dans cette affirmation de l’Europe, la France joue un rôle essentiel.

La raison en est qu’ils sont saisis d’effroi.

Les Français croyaient former une grande puissance, magnifique et solitaire. Ils se découvrent obligés de puiser leurs forces dans l’unité européenne. Depuis la Révolution française et le général de Gaulle, ils croyaient avoir un génie singulier. Ils découvrent qu’ils ont, eux aussi, à réinventer une scène politique dévastée. Ils se croyaient au cœur du monde mais ont maintenant réalisé que le monde n’a plus ni règles ni équilibres, qu’il est à reconstruire et que la guerre menace.

On déprimerait à moins mais il serait temps que les Français se souviennent des trois mots prêtés à Bonaparte : « Impossible n’est pas français ».

Photo : © Graeme Churchard @ Flickr

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