La première hypothèse est qu’il veut prendre Kharkiv. Il s’en rapproche si méthodiquement, un bourg après l’autre, qu’on ne peut pas exclure que ce soit là l’objectif de Vladimir Poutine mais peut-être ne ment-il pas lorsqu’il affirme que non.

Peut-être se souvient-il qu’il lui avait fallu près de neuf ans pour s’assurer le contrôle de Grozny. Peut-être comprend-il qu’il lui serait encore plus difficile d’écraser la deuxième ville d’Ukraine et son million et demi d’habitants. Peut-être dit-il ainsi vrai lorsqu’il affirme ne vouloir que créer une « zone de sécurité » entre la Russie et Kharkiv. C’est d’autant plus plausible que cette « zone » pourrait rapidement être annexée par la Russie et s’ajouter au Donbass pour offrir au président russe ce qui commencerait à constituer une véritable victoire.

C’est la deuxième hypothèse mais l’objectif de Vladimir Poutine pourrait bien être aussi de profiter de son avantage en armes et en hommes pour étirer le front, porter ses coups sur Odessa, réduire l’Ukraine à sa partie occidentale et proposer alors des négociations sur un partage du pays.

On ne sait pas mais une chose est en revanche claire.

Si les Démocraties ne veulent pas laisser Vladimir Poutine l’emporter, elles ne peuvent pas se contenter d’accélérer leurs livraisons d’armes à Kiev. Elles doivent évidemment le faire au plus vite tant il est insensé que les Ukrainiens ne disposent pas encore des avions de chasse qui leur avaient été promis, scandaleux qu’ils doivent économiser leurs munitions face aux offensives russes et invraisemblable que leur capitale soit seule protégée des frappes aériennes tandis que tout le reste du pays est offert à la destruction.

Les premiers coupables en sont les trumpistes de la Chambre des représentants mais les capitales européennes portent aussi leur part de responsabilités dans ces retards que les Ukrainiens paient de leur sang. Cela ne doit plus durer mais avant même de rattraper ce temps perdu, c’est immédiatement que les Démocraties peuvent et doivent lever l’interdit ligotant l’Ukraine.

Aussi incroyable que cela soit, Américains et Européens refusent jusqu’aujourd’hui d’autoriser les Ukrainiens à se servir des armes occidentales pour frapper l’armée russe en Russie. Paradoxe inouï, Européens et Américains protègent de fait le ciel russe de toute riposte ukrainienne en territoire russe. Ce n’est plus admissible. Il est intolérable que les Ukrainiens ne puissent atteindre les dépôts de munitions et de carburants russes qu’à coup de drones. Européens et Américains ne peuvent plus persister dans ce refus alors même qu’ils n’ont jamais accepté d’interdire le ciel ukrainien aux chasseurs et bombardiers russes. Ils se doivent de dénouer dès maintenant les mains des Ukrainiens et de les laisser se battre car, non, ce ne serait pas entrer en guerre contre la Russie.

Ce ne serait rien de plus qu’armer l’Ukraine, vraiment et non plus à moitié, que l’aider à repousser une agression et que montrer à Vladimir Poutine que nous ne nous payons pas de mots en disant que nous ne le laisserons pas gagner.

L’Ukraine peut s’effondrer. Ouvrons les yeux. L’Ukraine ploie sous les bombes et si nous laissions la Russie l’emporter, il lui deviendrait vite aisé d’intimider les pays les plus proches de ses frontières, de diviser l’Union européenne et de ne plus même avoir besoin de recourir à ses armes pour s’imposer à l’Europe en puissance dominante.

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