Intervention place de la Bastille lors de la manifestation de soutien à l’Ukraine, le 5 mars 2022

Vous avez perdu, M. Poutine

Vous êtes imbattable, M. Poutine, imbattable en meurtre et en mensonge.

Vous avez industriellement tué à Grozny avant d’aller industriellement tuer à Alep. Vous tuez chaque jour en Ukraine, toujours plus, ville après ville, centre-ville après quartier d’habitation.

Vous êtes un tueur, M. Poutine, un tueur en série à l’âme aussi froide que vos yeux vides et glacés mais chez vous, le menteur surpasse pourtant le tueur.

En mensonge, M. Poutine, vous n’êtes pas qu’imbattable. Vous êtes inégalable, sans plus d’égal hier qu’aujourd’hui, car qui d’autre que vous aurait osé dire que l’Ukraine pouvait menacer la Russie, qu’un génocide y était en cours et que ses dirigeants étaient des « nazis drogués » ?

Par vos crimes, oui, vous comptez déjà parmi les meilleurs et pour le malheur des Ukrainiens, de la Russie et notre malheur à tous, vous ferez sans doute encore bien mieux mais vous avez déjà perdu, M. Poutine, et perdrez bientôt tout, non pas seulement cette guerre mais tous vos soutiens, tous vos alliés et votre pouvoir enfin, lorsque chacun se sera détourné de vous, avec horreur, comme du nouveau Néron que vous êtes.

Car suffit les excuses, suffit les mauvais prétextes. L’Otan n’entoure pas la Russie qui est le pays le plus étendu du monde et dont la plus longue frontière est chinoise. Vous êtes tout autant à nos frontières que nous sommes aux vôtres mais la différence, l’immense et fondamentale différence, est qu’aucun pays de l’Union européenne ou de l’Alliance atlantique n’a jamais annexé un centimètre carré du territoire russe alors que vous occupez deux régions d’Ukraine, deux régions de Géorgie et une part entière de la Moldavie.

Cessez de faire de vous l’agressé, M. Poutine, quand vous êtes l’agresseur car l’aviation qui bombarde l’Ukraine est la vôtre, pas celle de l’Alliance atlantique ; car l’armée qui a envahi ce pays après que vous ayez tant juré que vous ne le feriez pas est la vôtre ; car celui qui a brandi la menace nucléaire c’est vous et personne d’autre car à part vous, personne ne serait assez fou pour aller à de tels extrêmes.

Prêtres, scientifiques, artistes, enseignants, écrivains, pères et mères de familles, de grandes entreprises et de grandes fortunes aussi, votre peuple lui-même se détourne tant de vous que vous voilà obligé de durcir encore vos lois contre la liberté d’expression mais, M. Poutine, vous connaissez le proverbe. Il est russe. « Quand la pression est trop forte, dit-il, le couvercle du samovar saute tout seul ».

La pression grandit M. Poutine, contre vous car vous êtes toujours plus seul, en Russie, en Europe, dans le monde, si seul que la Chine elle-même se prend à s’inquiéter de vos aventures, si profondément déstabilisatrices.

Militairement parlant, peut-être finirez-vous par l’emporter, M. Poutine, car les armes sont pour vous mais politiquement parlant, souvenez-vous de ce que Talleyrand disait des baïonnettes : « On peut tout en faire, disait-il, sauf s’asseoir dessus ».

Vous pouvez devenir le boucher de l’Ukraine mais que ferez-vous ensuite de ce pays martyre ? Comment le gouvernerez-vous et comment vaincrez-vous la résistance qu’il vous opposera, avec l’aide des démocraties car les démocraties se doivent de défendre la démocratie,  elles le font et le feront, j’en suis certain ?

Vous avez perdu, M. Poutine, perdu d’avoir trop cru à la décadence des Démocraties désormais dressées contre vous, perdu d’avoir sous-estimé l’héroïsme de l’Ukraine et perdu de ne pas avoir cru en l’Union européenne qui s’affirme en nation sous nos yeux, grâce à vous.

Mardi, dans l’hémicycle de Strasbourg, j’y étais, quand nous avons ovationné le président Zelenski, c’était naissance d’une nation, contre vous, M. Poutine, d’une nation européenne qui enfin s’arme et arme l’Ukraine, naissance d’une grande démocratie de près de cinq cent millions d’habitants qui tend la main au peuple russe pour construire avec lui, après vous bien sûr, un continent de paix et de prospérité.

Après votre guerre, il y aura la paix, M. Poutine, et c’est à Kiev que battra le cœur d’un nouvelle Europe à laquelle votre faillite politique ouvre la voie.

Vive l’Ukraine ! Vive la paix ! Vive la liberté, M. Poutine !

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