C’est pourtant simple : il y a le feu. Il y a le feu du réchauffement climatique. Il y a celui de l’Ukraine. Il y a celui de Gaza. Il pourrait bien y avoir, dans un an, celui d’un retour de Trump à la Maison-Blanche. A tout instant, l’incendie menace de se généraliser et l’on fait quoi ?

Nous faisons quoi, en Europe, nous les Européens ?

Sauf à faire l’autruche, tête dans le sable pour ne pas voir les dangers, nous avons à faire face, rangs serrés et solidaires, déterminés à ne laisser personne d’autre que nous décider de notre destin. Ce ne sera pas facile et parfois difficile. Il serait bien plus simple de nous replier sur nos frontières nationales et d’espérer qu’elles nous protègent des flammes mais comme ce ne serait pas le cas, comme nous serions évidemment plus vulnérables désunis qu’unis, nous avons à relever le gant et à commencer par élargir notre Union.

Cet élargissement est une nécessité car face au bellicisme de Vladimir Poutine et à la possibilité que le bras-de-fer sino-américain ne conduise à une guerre totalement dévastatrice ou à la constitution d’un condominium mondial, nous ne devons plus tarder à intégrer les pays candidats à l’Union. Nous devons tendre à l’unité du continent Europe afin de ne pas le laisser effacer par la Chine et les Etats-Unis mais pour que l’Union puisse s’élargir sans courir à la paralysie, il faut accepter que ses membres puissent choisir des degrés d’intégration différents.

De même que les 27 appartiennent ou non à la zone euro ou à l’espace Schengen, il faudra que les 35 puissent intégrer soit un marché commun régi par l’état de droit soit un ensemble politique dont les fiscalités seraient harmonisées et les politiques étrangères, la Défense et les politiques industrielles communautarisées. Même nom, même drapeau mais diversité autrement plus grande, c’est une nouvelle Union qui doit naître, celle du XXI° siècle, et notre deuxième tâche est de renforcer notre production militaire.

On n’aime pas l’écrire. Cela n’a rien d’exaltant mais le fait est que nous n’avons actuellement pas les moyens de respecter les délais de livraison des munitions promises à l’Ukraine et que nos stocks d’armes sont dangereusement bas. La conclusion s’impose : nous devons au plus vite investir en commun dans des industries d’armement paneuropéennes pour soutenir les Ukrainiens et être à même de répondre à toute éventualité.

La troisième de nos tâches les plus urgentes est de réaffirmer des objectifs communs de lutte contre le réchauffement climatique et de défense de la biodiversité afin de peser plus fortement dans les négociations internationales et de ne pas laisser les groupes d’intérêts nous faire revenir en arrière.

Quant à la quatrième de nos priorités, elle est de communautariser et démultiplier nos efforts de recherche afin de ne pas rater les prochaines révolutions industrielles et scientifiques comme nous avons si cruellement raté celle de l’informatique.

Du contrôle de l’immigration à la création d’Universités d’excellence en passant par la lutte contre la pauvreté ou l’élévation du niveau scolaire, nous avons mille autres choses à faire ensemble, dans tous les domaines, mais là sont les plus décisives des urgences. Or il se trouve que développement de nos capacités militaires, la réinvention de l’Union, le soutien à l’Ukraine, la protection de la planète et l’effort de recherche constituent autant d’objectifs communs aux Verts et aux centristes, au Parti populaire et aux sociaux-démocrates.

Alors pourquoi ne pas le dire ?

Dans la campagne qui s’ouvre, ces quatre courants vont s’affronter sur bien des sujets mais ils convergent sur l’essentiel, en termes d’objectifs au moins. Alors pourquoi ne pas dire, dès maintenant, qu’au-delà de nos divergences et de nos différences de filiations culturelles, nous nous retrouvons sur la nécessité de faire de l’Union un acteur de la scène internationale, incontournable et assez fort pour compter sur lui-même ?

Puisque nos Etats ne resserreront pas leurs rangs sans que nos forces politiques ne le fassent, pourquoi ne pas dire que nous entendons piloter ensemble l’Union européenne, sans rien céder de nos identités politiques mais avec autant d’audace que d’indispensables compromis ? Puisque l’échiquier politique oppose désormais les extrêmes-droites à tous les démocrates, le parti du renoncement à celui de l’unité de l’Europe dans la liberté, la protection sociale et la démocratie, disons-le ! Rendons à la politique sa vigueur et sa réalité.

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