Israël n’a plus de raisons de ne pas oser la paix. Face à un régime iranien rejeté par sa propre population, allié de Vladimir Poutine et si proche de se doter de la bombe, Israël n’a pas remporté une mais quatre victoires d’un coup.

Non content d’avoir rétabli une réputation d’invincibilité dont le massacre du 7 octobre avait fait douter, il a fait oublier l’inhumanité des représailles lancées contre Gaza, mobilisé à ses côtés les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne et obtenu le discret mais efficace soutien militaire de plusieurs des pays arabes. Parce que tous craignent les entreprises de déstabilisation des mollahs, Israël vient de reconstituer un front de proches et d’alliés qui pourtant désapprouvaient toujours plus les politiques de Benjamin Netanyahou. C’est un total succès mais maintenant ?

La question n’est maintenant pas de savoir quand et jusqu’où Israël poussera son avantage contre la République islamique mais ce qu’il fera de cette quadruple victoire.

Première possibilité, Benjamin Netanyahou peut se dire qu’il est en situation de continuer à viser l’anéantissement du Hamas, même au prix des souffrances – mort, faim, misère, maladies – causées à la population de Gaza. Le Premier ministre peut se le dire puisque l’offensive iranienne a redonné force à l’argument d’Israël sur son droit à se défendre contre une organisation terroriste que soutient Téhéran mais ce n’est pas tout. Dimanche, Benjamin Netanyahou a surtout pu vérifier que, dans les capitales arabes, la crainte de l’Iran l’emportait largement sur toute solidarité avec les Palestiniens et qu’il pouvait donc continuer à refuser la solution à deux Etats.

Contre le Hamas, contre l’Iran et contre la création d’un Etat palestinien, Israël peut aujourd’hui juger que l’inflexibilité l’a emporté et qu’il ne s’agirait surtout pas d’en dévier. Ce choix sera le sien tant que Benjamin Netanyahou sera aux commandes mais le jour où il aura dû céder la place, l’intérêt bien compris d’Israël serait de se dire que c’est lorsqu’on est victorieux qu’il faut savoir tendre la main et oser la paix.

Lorsqu’on est en position de force, on peut imposer ses conditions et, en l’occurrence, conditionner la coexistence de deux Etats à l’interdiction faite à la future Palestine de se doter d’armes lourdes, à la reconnaissance d’Israël par l’ensemble des pays de la Ligue arabe et à la création d’une organisation régionale de sécurité et de coopération incluant Israël et fondée sur la création d’un marché et de plans de développement communs.

Ces derniers mois, les Israéliens perdaient le soutien de leurs alliés car le bombardement de Gaza les avait isolés. Ce n’est plus le cas mais à l’heure de leur victoire contre la République islamique, ils devraient se souvenir que seules la coexistence de deux Etats et l’intégration régionale assureront leur sécurité et la pérennité d’Israël.

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