Hier unis pour arrêter les frappes iraniennes contre Israël, les pays arabes, l’Europe et les Etats-Unis doivent maintenant imposer aux Israéliens et aux Palestiniens de marcher vers la paix. Tout le leur commande car tous ont un intérêt vital à le faire.

Les Etats-Unis pourraient bien évidemment se désintéresser du Proche-Orient puisqu’ils n’ont plus besoin de son pétrole, sauf… Sauf que la politique a horreur du vide et que s’ils se retiraient de cette région, ils laisseraient la Russie continuer à s’y investir comme elle le fait en Afrique. Déjà liée au Kremlin puisqu’elle lui fournit des drones pour attaquer l’Ukraine et que c’est avec lui qu’elle avait sauvé la mise au régime de Damas, la théocratie iranienne en serait considérablement renforcée. La Russie, l’Iran et leur commun allié chinois deviendraient alors dominants au Proche-Orient et tous les rapports de force internationaux en seraient modifiés, au détriment des Etats-Unis et en faveur de la Chine.

Tant que les mollahs pourront se servir du malheur palestinien pour s’enrouler dans le drapeau de la résistance aux « judéo-croisés », les capitales arabes resteront, elles, confrontées au défi politique de l’Iran et de ses alliés régionaux. Or ce défi remonte à l’affrontement entre l’Empire perse et la péninsule arabique et son enjeu n’est rien de moins que la prééminence régionale des monarchies du Golfe et du sunnisme sur l’islam.

Pour l’Europe enfin, la rive proche-orientale de ce lac eurafricain qu’est la Méditerranée est devenue une bombe à retardement dont le tic-tac s’entend toujours plus distinctement. L’Irak s’est fractionné entre trois pays, kurde, chiite et sunnite. Sans plus d’Etat ni d’économie, le Liban n’est plus que le souvenir de ce qu’il fut. La Syrie s’est réduite à Damas et à la côte alaouite. Autrefois fierté du monde arabe, l’Egypte n’assurerait plus ses fins de mois sans les chèques de l’Arabie saoudite qui est elle-même entrée dans une période de mutation obligée dont nul ne peut prédire l’issue.

Si elle ne veut pas voir le chaos se généraliser à ses marches, porter jusqu’à ses côtes des centaines de milliers de réfugiés et déstabiliser bientôt ses 27 Etats et la Grande-Bretagne, l’Union européenne doit contribuer au plus vite à éteindre la mèche israélo-palestinienne avant qu’elle n’enflamme ce magasin de poudre régional.

Sans doute, dira-t-on, mais comment ? Comment amener les pays arabes, les Etats-Unis et les 27 à œuvrer à une reprise des pourparlers israélo-palestiniens et comment l’Union européenne pourrait-elle jouer là un rôle alors qu’elle n’a pas bonne presse à Jérusalem ?

La réponse est que la donne a changé. Maintenant que la France et la Grande-Bretagne se sont portées aux côtés d’Israël contre l’Iran et l’ont fait avec les Etats-Unis, les Israéliens ne peuvent plus récuser les Européens. Or l’Europe, France en tête, reste plus proche des Palestiniens que ne le sont les Américains. Pour peu qu’elle le veuille et sache en voir la nécessité, l’Union serait autrement dit en position de prendre l’initiative d’une relance du processus de paix.

Elle pourrait tracer les premières grandes lignes des compromis possibles, chercher et trouver des convergences avec les Etats-Unis et les pays arabes sur les frontières de la future Palestine et les conditions de sa coexistence avec Israël. Parce que l’Union européenne, les Etats-Unis et la Ligue arabe plaident aujourd’hui tous en faveur d’une solution à deux Etats, tous pourraient ensuite, si nécessaire, faire pression sur les Palestiniens et les Israéliens.

Ils pourraient donner à comprendre aux premiers que les aides financières arabes et européennes seront désormais conditionnées aux progrès de futures négociations de paix. Ils pourraient dire aux seconds que le soutien militaire des Etats-Unis et l’accord de coopération entre Israël et l’Union européenne seront maintenant liés à leur degré de bonne volonté. Aux Palestiniens comme aux Israéliens, tous pourraient rappeler en un mot que nécessité fait loi.

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