On lit. On relit. On ne veut ni ne peut y croire mais c’est bien lui qui parle de sa « grande et incomparable sagesse ». Ceausescu au moins faisait dire ce genre de choses par ses bardes mais Donald Trump est son propre héraut et la différence avec le Génie des Carpates est que lui, occupe le Bureau ovale.
Alors disons-le : la première puissance économique et militaire du monde n’est pas seulement aux mains d’une grande absurdité mais également d’un fou mégalomane.
J’entends déjà l’objection. Il défend l’Amérique, après tout, et se moque du reste du monde, concurrent chinois mis à part.
Si c’était vrai, si ce n’était que cela, ce serait rassurant, mais non ! Les faits sont là.
Après que cet homme eut donné son feu vert à l’entrée des troupes turques en Syrie, ce sont ses plus proches collaborateurs, ses intimes, ceux qui n’avaient jamais pris la moindre distance avec lui, qui se sont rués sur les micros pour hurler que les Etats-Unis ne pouvaient pas abandonner les Kurdes à Recep Erdogan, les lâcher alors qu’il n’y aurait pas eu de défaite de Daesh sans leur héroïsme. Effarés, ces fervents disaient que ce ne serait pas qu’une faute morale car on ne pouvait pas porter plus grand tort aux Etats-Unis qu’en trahissant ainsi des alliés, aussi ouvertement, aussi cyniquement, maintenant qu’ils avaient cessé d’être utiles.
Ces fidèles du Président ne développaient pas mais on entendait bien que les Etats-Unis ne pouvaient pas se déshonorer à ce point après n’avoir rien fait pour venger le bombardement des champs pétroliers de leur allié saoudien par les Gardiens de la Révolution iraniens.
C’était trop, c’était trop de n’importe quoi, trop d’ignorance de tout pour qu’ils puissent laisser faire cela sans exprimer leur panique.
Leurs protestations ont eu raison du charlot de la Maison blanche. Dans son « incomparable sagesse » M. Trump a tourné casaque mais cela n’a pas impressionné Recep Erdogan qui, sans nulle crainte des Etats-Unis et de leur Président, est entré en Syrie. Il y bombarde les Kurdes et l’on ne pourra plus dire que ce génie du Potomac cacherait une suprême intelligence derrière son apparente baroquerie. Derrière ses grands délires, M. Trump ne cache qu’un tragique délire.
Pour l’Amérique et pour le monde ce président est un immense danger qu’il faut écarter au plus vite par un vote du Congrès ou celui des Américains. C’est tellement évident qu’au lendemain de ce tweet on entendait dans les couloirs du Parlement de l’Union une unanimité sur la nécessité d’une Défense européenne, une unanimité si totale que même la Pologne, même le plus atlantiste des pays européens, souhaite affirmer aujourd’hui son soutien au Fonds européen de Défense.