Paru dans European view – Wilfried Martens Centre for European Studies

On ne peut aujourd’hui plus aborder le plus étendu des pays du monde en ignorant que de nouvelles réalités sont venues modifier la donne russe. La première est que le réveil de la Russie n’est plus aussi irrésistible qu’il y a deux ou trois ans encore et que l’autorité de Vladimir Poutine en est relativisée, voir même fragilisée. La deuxième de ces réalités est qu’il ne serait certainement pas de l’intérêt des grandes démocraties de laisser la Russie faire front contre elles avec la Chine. La troisième est que l’échec de la tentative d’empoisonnement d’Alexeï Navalny a hissé ce contestataire au rang d’alternative au président en place. Quant au plus marquant de ces faits nouveaux, il est que, face à la crise bélarusse, la Russie ne sait pas comment réagir car les options dont elle dispose seraient toutes aussi lourdes de conséquences pour Vladimir Poutine que pour elle-même.                                   

La Russie n’est que questions. Est-elle ou non européenne, comme l’avaient voulue Pierre le Grand, la Grande Catherine et, plus récemment, Mikhaïl Gorbatchev ? Pourra-t-elle un jour admettre la perte des nations qui avaient constitué son Empire et quelles relations pourrait-elle établir avec ces pays, l’Ukraine et le Bélarusse au premier chef, alors qu’ils cherchent sans cesse plus à échapper à son orbite ?

Questions encore. La Russie pourra-t-elle renouer un jour avec les instants de démocratisation qu’elle avait connus au début puis à la fin du siècle dernier ? Trouvera-t-elle la voie d’un modus vivendi avec l’Union européenne en négociant avec elle de nouveaux accords de sécurité et de coopération ? S’arrimera-t-elle, au contraire, à l’Asie en se rapprochant de la Chine ? Où en est, autrement dit, la Russie plus de vingt ans après que Vladimir Poutine en a pris les commandes et où en est, lui-même, cet homme qui avait restauré un pouvoir fort à Moscou dans l’ambition de refaire une puissance de cette ex-superpuissance ? 

Plusieurs de ces questions sont éternelles et sans doute se poseront-elles encore longtemps mais on ne peut aujourd’hui plus aborder le plus étendu des pays du monde en ignorant que de nouvelles réalités sont venues modifier la donne russe.

La première est que le réveil de la Russie n’est plus aussi irrésistible qu’il y a deux ou trois ans encore et que l’autorité de Vladimir Poutine en est relativisée, voir même fragilisée. La deuxième de ces réalités est qu’il ne serait certainement pas de l’intérêt des démocraties, pas plus de l’Union européenne que des Etats-Unis, de laisser la Russie faire front contre elles avec la Chine. La troisième est que l’échec de la tentative d’empoisonnement d’Alexeï Navalny a hissé ce contestataire au rang d’alternative au président en place. Quant au plus marquant de ces faits nouveaux, il est que, face à la crise bélarusse, la Russie ne sait pas comment réagir car les options dont elle dispose seraient toutes aussi lourdes de conséquences pour Vladimir Poutine que pour elle-même.

Six mois après le début de cette crise, M. Poutine hésitait encore à recourir à la force brute et ce que la Russie fera ou ne fera pas à Minsk dira l’état et l’avenir de cette puissance pauvre dont les choix pèseront tant sur les équilibres internationaux.

Le président russe croît si peu en l’avenir d’Alexandre Loukachenko qu’il lui cherche un successeur sans même faire l’effort de vraiment s’en cacher. Il se refuse en même temps à le lâcher car l’élimination de cet homme honni de son peuple offrirait à la démocratie une victoire qui pourrait faire dangereusement rêver en Russie. D’un côté, Vladimir Poutine ne peut pas se résoudre à ce que la liberté l’emporte dans le plus russe des territoires de l’Empire perdu. De l’autre, il ne sait pas comment faire plier le Bélarusse sans répéter la même erreur qu’en Ukraine où    l’annexion de la Crimée et l’intervention dans le Donbass ont développé une russophobie qui y était aussi inconnue qu’elle l’est encore à Minsk.

C’est un dilemme d’une ampleur historique. Main tendue ou poing fermé, le choix que Vladimir Poutine devra finalement faire déterminera les futures relations de la Russie avec ses anciennes possessions et, par ricochets, avec le reste de l’Europe, la Chine et les Etats-Unis. L’hésitation du président russe n’a donc rien pour surprendre mais le fait est qu’il se laisse voir là moins puissant qu’il ne s’était cru après avoir relevé la Russie du marasme dans lequel il l’avait trouvée.

Alors, pour mieux comprendre, retour en arrière, vingt ans plus tôt, en des temps où tout avait si bien commencé pour Vladimir Poutine. 

Lorsque les grandes fortunes et les services de sécurité, en 1999, lui confient la présidence après avoir mis Boris Eltsine à la retraite, la Russie se sent abaissée et appauvrie, volée et humiliée. La façon dont l’appareil communiste et trois douzaines de pirates se sont partagé les richesses nationales au nom de la « privatisation » l’a convaincue que « l’économie de marché » était le nouveau nom du banditisme et que la démocratie n’était que le pouvoir des plus riches. Dix ans après la chute du mur, l’extrême richesse s’envole tout autant que l’extrême misère. Des hordes de retraités sont réduits à la mendicité dans les passages souterrains et le métro de Moscou. Les applaudissements dont les institutions financières internationales, les Etats-Unis et les plus brillants des économistes libéraux ont gratifié la thérapie de choc semblent donner raison à sept décennies de propagande soviétique. L’impopularité de Boris Eltsine est devenue telle que la Russie est en quête d’un homme fort, du chef à poigne qui lui rendrait espoir et grandeur.

Un chaos menace la Russie mais Vladimir Poutine sait retourner la situation en un tour de main.

Revendiquant haut et fort son appartenance au KGB et promettant de faire rendre gorge aux voleurs, ce jeune homme au torse avantageux efface d’un coup jusqu’au souvenir de son prédécesseur et redonne confiance à ses compatriotes en se posant en super-héros russe, vengeur attendu de la patrie bafouée.

L’assaut contre les indépendantistes tchétchènes fut une infâme boucherie mais il convainc les Russes que leur jeune maître ne cédera plus un pouce des territoires conquis par les tsars. La remise au pas des oligarques n’a, parallèlement, consisté qu’à leur imposer un nouveau parrain et à éliminer ceux qui refusaient de lui prêter allégeance. Elle a en fait sauvé les grandes fortunes que leur ralliement à ce nouveau pouvoir blanchit mais cette manifestation de la préséance du politique sur l’argent plait à tous les milieux, de l’intelligentsia aux guébistes en passant par les classes moyennes urbaines, les militaires, les plus petites gens et la paysannerie.

C’est grâce au cynisme de ses méthodes et aux faux-semblants de ses politiques que Vladimir Poutine impose son autoritarisme à un pays aspirant au retour de l’Etat et en 2014, lorsqu’il annexe la Crimée, sa popularité est plus grande que jamais. Sans précédant en Europe depuis la Deuxième guerre mondiale, cette annexion est massivement applaudie par les Russes qui considèrent que leur président n’a fait que leur restituer un territoire russe, leur « Côte-d’Azur » que Khrouchtchev avait intégrée à l’Ukraine, en 1954, pour conforter sa position à la tête du parti. Non seulement, aux yeux des Russes, Vladimir Poutine a réparé là ce qu’ils considéraient comme une injustice historique mais il a lavé, au passage, les affronts historiques de 1989 et 1991.

C’est sur cette lancée que, profitant du refus des Etats-Unis de s’aventurer sur de nouveaux champs de bataille étrangers, Vladimir Poutine vole au secours de Bachar al-Assad et permet à la Russie de reprendre pied au Proche-Orient avant de dépêcher des mercenaires en Lybie, à trois encablures des côtes européennes.

Tout lui souriait alors. Tout souriait à la Russie. Comme l’Amérique l’avait été lorsque Reagan l’avait guérie de son humiliation vietnamienne, la Russie était « de retour » mais comment expliquer, dans ces conditions, que ce réveil du Bélarusse lui pose aujourd’hui tant de problèmes ?

C’est que la grenouille, aurait dit Jean de La Fontaine, a voulu se faire aussi grosse qu’un bœuf.

La Russie peut s’enorgueillir de sa victoire militaire en Syrie mais, faute de pouvoir imposer à Bachar al-Assad les compromis politiques nécessaires au règlement de ce conflit, elle est en train de perdre la paix aussi sûrement qu’elle a gagné la guerre. Liée à un régime criminel, corrompu jusqu’à l’os et désormais déchiré par des conflits claniques, la Russie s’embourbe en Syrie et échoue, en même temps, à s’imposer dans le jeu proche-oriental car son seul allié régional, la théocratie iranienne, perd pied en Irak et au Liban et n’a plus un sou en caisse.

Le scénario est très semblable en Ukraine. Là-bas, la Russie s’est réapproprié la Crimée et l’on voit mal ce qui pourrait la faire revenir sur cette annexion. Elle a ainsi gagné une guerre mais cette victoire sans gloire a transformé un pays où la Russie s’était baptisée il y a plus de mille ans en un pays aussi russophobe que la Pologne. Le passif l’emporte largement sur l’actif et quelle carte M. Poutine peut-il maintenant jouer en Ukraine orientale ?

Annexer cette région aux mines et aux industries dévastées ?

Prendre en charge un territoire qui ne lui rapporterait rien d’autre que de nouvelles sanctions économiques et un rebond de tensions politiques avec l’Union européenne et les Etats-Unis ?

Marcher sur Kiev et tenter de refaire de l’Ukraine un protectorat ?

Rien de tout cela ne serait jouable. Tout autant qu’en Syrie, la Russie s’embourbe en Ukraine et cela au moment même où elle n’a pas su empêcher que des manifestations de rue ne renversent, en 2018, un dirigeant de confiance en Arménie ; où elle n’a pas su éviter que la Turquie ne s’impose en protecteur de l’Azerbaïdjan anciennement soviétique en l’aidant à reconquérir le Haut Karabakh ; où la Kirghizie devient toujours plus incontrôlable ; où la Moldavie élit une présidente résolument favorable à un rapprochement avec l’Union européenne ; où la Chine place ses pions en Asie centrale et où le Bélarusse, bien sûr, entre en dissidence.

L’homme fort que les Russes avaient tant aimé ne parvient plus à enrayer l’affirmation des anciennes possessions impériales. Les Russes ne le croient plus capable de réécrire l’Histoire et n’attendent d’ailleurs plus de lui qu’il le fasse car, depuis 1989, trois décennies se sont écoulées.

Pour ceux des Russes qui ont moins de quarante ans, l’URSS n’est pas même un souvenir. L’Empire perdu est aussi étranger à leur vision de la Russie  et du monde que les empires coloniaux de la France et de la Grande-Bretagne le sont aux citoyens britanniques et français. Parvenues à l’âge adulte bien après les délitements d’il y a trente ans, les classes moyennes urbaines de la Russie post-communiste partagent les mêmes valeurs que celles de Berlin, Paris, New York, Le Caire, Lagos, Caracas ou Varsovie. Elles aspirent à l’Etat de droit, au bien-être, à des sociétés ouvertes sur le reste du monde et la preuve en est que les grandes villes de Russie sont passées à l’opposition comme l’ont fait Budapest, Istanbul ou Ankara.

Siècle du communisme, le XX° siècle s’était achevé en 1989 mais le XXI° siècle ne fait que s’ouvrir et M. Poutine ne lui appartient pas. Il n’aura été qu’un hoquet de l’histoire, un homme de l’entre-deux dont la popularité régresse d’autant plus que son bilan est bien peu reluisant.

En vingt ans, vingt années qui ont suivi la longue stagnation brejnévienne et les immenses difficultés économiques provoquées par la pérestroïka, Vladimir Poutine s’est peu soucié de moderniser les infrastructures de la Russie, ses routes, ses hôpitaux, ses écoles, ses chemins de fer. Sa gestion de la pandémie aura été aussi catastrophique que celle de Donald Trump et, parallèlement, le niveau de vie régresse et les caisses se vident car les finances de la Russie continuent de dépendre des cours du pétrole, en chute libre et probablement durable.

Parce qu’il n’incarnait que la nostalgie impériale, Vladimir Poutine est devenu l’homme d’un passé révolu. Son pouvoir peut encore durer plusieurs années car les assassinats politiques, la répression de toute forme de contestation et l’absence d’une presse libre ont empêché l’affirmation d’une opposition crédible et créé un vide politique qui fait peur mais, comme au Bélarusse, une fin de règne s’est aujourd’hui ouverte en Russie. Le jeune vengeur tout en muscles a vieilli. Il a fini par lasser. Villes et jeunes générations, la Russie utile lui a maintenant échappé et cet autocrate n’aura fait, en 2020, qu’afficher sa perplexité à Minsk, que se terrer par crainte de la Covid 19, que modifier les institutions pour tenter de préparer une transition qu’il espère contrôler et qu’échouer, sur son propre territoire, à faire empoisonner un opposant toujours plus gênant.

Cela n’a pas fait d’Alexeï Navalny le prochain président russe. Ce ne serait d’ailleurs pas forcément souhaitable puisque cet homme à l’audace stupéfiante reste plus un Zorro qu’un Roosevelt, plus un juge anti-mafia que l’homme d’Etat au programme clair dont la reconstruction de la Russie aurait tant besoin, mais en échouant à l’éliminer, Vladimir Poutine s’est infligé un revers de taille.

Il a affaibli les services de sécurité qui se sont ridiculisés en le ridiculisant, laissé voir, urbi et orbi, qu’il avait perdu la main et intronisé de fait un prétendant au pouvoir qui a prouvé, en revenant en Russie, que Vladimir Poutine n’était plus tout-puissant, qu’on pouvait le défier en combat singulier et pourtant survivre, que son système s’était essoufflé et que les forces qui l’avaient porté au pouvoir, les services et l’argent, avaient forcément à se poser la question d’un changement, à envisager de tout changer, aurait dit le prince de Salina, pour que rien ne change.

 Bien au-delà de l’accumulation de ses difficultés et de la désuétude de son président, la Russie a en effet à résoudre un gigantesque problème, le même que tout le monde, la Chine, celui qu’affrontent aussi les Etats-Unis et l’Afrique, l’Asie et l’Union européenne. C’est en Russie que l’affirmation économique, militaire et politique du pays le plus peuplé du monde pose le plus de problèmes car ces deux géants, l’un par sa taille, l’autre par sa population, ne sont séparés que par quatre milliers de kilomètres de frontière au tracé incertain. Entre l’Union européenne et la Chine, il y a l’immense zone tampon formée par la Russie. Entre les Etats-Unis et la Chine, il y a l’océan Pacifique, de plus en plus mal nommé mais tout de même. Entre la Russie et la Chine, il n’y a rien, rien d’autre qu’une Sibérie que la Chine colonise à bas bruit par la force de son commerce et une Asie centrale anciennement soviétique où M. Xi multiplie des investissements autrement plus stratégiques qu’industriels.

En délicatesse avec les Occidentaux pour cause d’Ukraine, de Syrie et de constante augmentation de ses dépenses militaires, la Russie peut bien sûr se rapprocher de la Chine pour éviter une hasardeuse autarcie. Cet approfondissement des liens entre les deux anciens rivaux du monde communise comblerait les plus doux rêves de Pékin mais les Occidentaux seraient-ils les seuls perdants de ce Grand jeu ?

Sur la durée, non. A moyen terme, le principal perdant serait la Russie car nul besoin d’une grande imagination pour voir où mènerait cette alliance entre une économie en pleine obsolescence et la plus dynamique des économies mondiales. Dans un tête-à-tête avec la Chine, la Russie deviendrait vite le vassal d’un puissant suzerain, bien plus riche, plus allant et plus armé qu’elle ne l’est. En se rapprochant de la Chine, non seulement la Russie acterait un effacement historique mais elle irait à l’encontre des aspirations sociales et culturelles des deux plus essentielles de ses composantes socio-culturelles car les faits sont là.

Par peur d’être culturellement absorbée par l’Europe occidentale, la Russie a sans cesse et jusqu’aujourd’hui hésité à se reconnaître européenne mais, outre qu’elle n’a jamais envisagé de s’intégrer à l’Asie avec laquelle elle n’a rien de commun et qu’elle a bien au contraire toujours repoussée, ni ses grandes fortunes ni ses classes moyennes urbaines ne sont aujourd’hui prêtes au choix de la Chine. Les premières n’aspirent qu’à s’intégrer au gotha occidental et certainement pas à marier leurs héritiers aux enfants de l’entreprise Chine. Les secondes ne rêvent que de vivre à l’occidentale et savent bien qu’à côté de la Chine, la Russie serait presque une terre de liberté.

En ce vrai début du XXI° siècle, s’esquisse une incertaine mais bien réelle possibilité de rapprochement entre l’Union européenne et la Fédération de Russie, entre ces deux piliers du continent Europe qui ont besoin l’un de l’autre et qu’unissent, malgré Rome et Byzance, une même culture, un même baptême et une même histoire.

Les 27 ont besoin de s’assurer un approvisionnement énergétique fiable, la paix à leur frontière orientale et des possibilités d’investissements à même de muscler leur croissance. La Russie a besoin d’une modernisation radicale de ses équipements et d’une stabilisation de ses relations avec ses anciennes possessions. L’Union et la Fédération ont autrement dit besoin de conclure de nouveaux accords de sécurité et de coopération leur garantissant des échanges mutuellement profitables, une vraie reconnaissance des frontières européennes issues de l’éclatement soviétique et une sécurité stratégique fondée sur des mesures de confiance, comme le seraient le retrait russe d’Ukraine orientale ou la neutralité d’Etats aujourd’hui tout aussi susceptibles d’intégrer l’Alliance atlantique que d’être agressés par la Russie.

Or où pourrait se tester cette possibilité de rapprochement ?

A Minsk, bien sûr.

C’est au Bélarusse, dans ce pays qui s’époumone à dire que sa révolution n’est ni pro ni anti qui que ce soit, pas plus pro-européenne qu’antirusse, que l’Union européenne et la Fédération de Russie pourraient amorcer la stabilisation de leurs relations en s’entendant pour respecter tout aussi bien la volonté démocratique des Bélarusses que leur neutralité militaire. Il n’y a là rien d’impossible. Bélarusses en premier, tout le monde aurait à y gagner. Personne n’aurait rien à y perdre et, ce pas fait, il serait alors possible de travailler à de nouveaux Accords d’Helsinki qui seraient tout aussi bénéfiques à l’Union qu’à la Fédération et aux pays qui les séparent.

Parce qu’une alliance avec les Etats-Unis par-dessus la tête des Européens n’est aucunement une option pour elle et qu’une alliance avec la Chine la menacerait gravement, la Russie n’a en fait pas d’autre choix qu’un compromis historique avec les pays d’Europe centrale et occidentale unis dans l’Union européenne.

L’initiative ne viendra pas de M. Poutine, homme du passé, sans vision et que tout inquiète. L’initiative doit revenir à l’Union et c’est donc à elle d’éclairer et baliser la voie de ce compromis, de s’adresser publiquement à la Russie, à son peuple comme à ses élites culturelles, industrielles et politiques pour les appeler à ce choix et leur dire qu’elles auraient toute raison de souhaiter l’unification de notre continent dans un partenariat économique et une stabilisation politique trop longtemps attendus et relevant d’intérêts aussi puissants que communs.

Nous sommes en 2021, trente ans exactement après que l’Empire russe s’est défait. C’est le moment pour le Parlement européen, le meilleur des moments possibles, de publier une Adresse à notre voisin russe pour lui dire notre espoir et notre volonté d’entente et de coopération.  

Bernard Guetta

Journaliste et correspondant du Monde, dans les années 1980, à Varsovie, Washington et Moscou, Bernard Guetta est député européen depuis 2019. Il est membre du groupe Renew et siège à la Commission des Affaires étrangères.

Print Friendly, PDF & Email