Intervention dans le débat sur les conclusions du Conseil européen des 24 et 25 mars 2022, y compris les dernières évolutions de la guerre en Ukraine et les sanctions de l’Union européenne contre la Russie ainsi que leur mise en œuvre

Madame la Présidente, Monsieur le Haut représentant, mes chers collègues, «oui oui», me disait ce week-end un journaliste russe d’opposition maintenant réfugié à Berlin, d’où il anime un site très, très, très suivi en Russie. «Oui oui», me disait-il, «mais que puis-je répondre à ceux de mes compatriotes qui me disent: “Mais, les Européens, les Occidentaux nous sont hostiles, puisqu’ils prennent ces sanctions contre nous, qui allons en souffrir.”» Il me posait cette question après la publication de cette adresse au peuple russe que les présidents de quatre de nos principaux groupes politiques ont signée. Je lui ai répondu: «Mais, écoutez, c’est très simple: répondez-leur que ces sanctions que nous prenons, nous en souffrons nous aussi. Nous souffrons nous aussi, mais nous acceptons de les prendre et d’en souffrir parce que nous ne pourrions pas rester silencieux devant l’agression dont est victime l’Ukraine. Et il était reconnaissant de ma réponse, et il m’a dit: «Oui, très bien, je vais vous citer. Merci. Parfait.»

Mais en même temps je me disais, dans ma tête à moi: «Mais est-ce que je suis vraiment sincère? Est-ce que nous acceptons d’en souffrir tant que cela?» Et je savais bien que, oui, nous acceptons un peu, mais pas totalement, mais pas complètement, mais pas autant que les Russes vont en souffrir, et certainement pas autant, cela va de soi, que les Ukrainiens en souffrent à chaque instant, eux, de la guerre, et non pas des sanctions.

Alors, mes chers collègues, j’ai signé, avec une dizaine d’autres députés, un petit amendement sur la résolution de demain. Petit amendement par lequel nous demandons que soient enlevés les mots «as swiftly as possible» concernant l’embargo sur le gaz. Nous avons des gouvernements. Ils verront bien dans quel délai cela peut se faire. Mais nous, le Parlement, nous devons exprimer à une majorité absolue et écrasante notre indignation et notre volonté que soient prises les sanctions les plus fermes, les plus totales. Nous sommes la voix de la nation européenne. Portons-la, jusqu’à Moscou, et certainement jusqu’à Kiev.

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