On leur doit la défaite de Daesh, la libération de Mossoul et de Rakka, le sauvetage aussi de dizaines de milliers de Yézidis arrachés à l’esclavage sexuel et aux brigades d’enfants-soldats. On leur doit autrement dit la victoire du genre humain contre la plus invraisemblable des barbaries car, tandis que la coalition internationale frappait du ciel, les Kurdes, eux, étaient au sol, brigades d’hommes, brigades de femmes, brigades mixtes progressant mètre après mètre et tombant en si grand nombre.

Nous devions tous nous incliner devant eux.  Nous aurions dû soutenir enfin l’aspiration séculaire à l’Etat-nation de ce peuple éternellement trahi et auquel, à la fin de la Première guerre mondiale déjà, les grandes puissances avaient promis son unité dans des frontières sures. Les Kurdes y avaient cru mais l’Europe et les Etats-Unis les avaient finalement préférés dispersés entre l’Irak, la Syrie, l’Iran et la Turquie.

Alors ils ont pris les armes et se sont battus contre les Turcs et Saddam Hussein. « Terrorisme » a-t-on dit. C’était souvent vrai, mais ils ont fini par imposer leur autonomie en Irak. Ils étaient en train de l’imposer en Syrie et c’est là qu’ils ont, comme toujours, refait peur à tout le monde. Recep Erdogan les voyaient déjà unir leurs terres turque, irakienne et syrienne. Les Etats-Unis voyaient déjà la Turquie passer à la Russie avec armes et bagages par peur de perdre l‘Anatolie kurde et ce qui devait arriver arriva.

Avec le feu vert de Donald Trump, la Turquie a décidé d’entrer en Syrie pour y repousser les Kurdes et y créer une « zone de sécurité ». Officiellement, elle veut y installer une partie des Syriens réfugiés sur son territoire. Sans doute tentera-t-elle de le faire mais son véritable objectif est d’empêcher toute jonction des populations kurdes et de mettre un pied en Syrie pour que cela soit à jamais impossible.

Les héros sont trahis, par les mêmes que toujours, par nous autres Occidentaux, qui devions tant à ces si fiers combattants.

13.10.2019

Le groupe Renew Europe au Parlement européen a appelé, dans une lettre ouverte signée par près de 250 députés de toutes tendances confondues, la vice-présidente Federica Mogherini à jeter les bases d’une réponse européenne forte et globale à la crise dans le nord-est de la Syrie. La cheffe de la diplomatie européenne est également invitée à entamer un dialogue avec les autorités turques afin que puisse être trouvée une solution durable à cette crise.

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