Souvenez-vous de ce qu’on entendait il y a quelques semaines encore. Depuis que les Emirats arabes unis puis Bahreïn avaient signé des traités de paix avec Israël et que l’Arabie saoudite les avait tacitement approuvés, on entendait partout, fût-ce entre les lignes, qu’il n’y avait plus de problème palestinien, qu’ils avaient perdu et ne pèseraient plus sur la scène internationale.
Le raisonnement était que la fin du conflit israélo-arabe imposait celle du conflit israélo-palestinien mais si isolés qu’ils fussent, les Palestiniens n’avaient pas disparu d’Israël et des Territoires occupés. Il a donc suffi que M. Netanyahou lâche la bride à son extrême-droite dans l’espoir de reconstituer un gouvernement pour que les provocations qui se sont ensuivies à Jérusalem suscitent une réaction palestinienne et qu’on en arrive si vite à une nouvelle guerre.
C’est le premier enseignement de cet énième chapitre d’un conflit séculaire. Rien ni personne ne pourra durablement concilier Palestiniens et Israéliens sans un accord de paix créant une Palestine aux côtés d’Israël. C’est une incontournable évidence qu’il serait temps que chacun reconnaisse mais il en est trois autres, tout aussi importantes pour la suite.
Longtemps minoritaires face au parti laïc, le Fatah, qui avait créé le mouvement national palestinien, les islamistes du Hamas sont désormais largement majoritaires. Ils ne l’ont pas emporté parce que les Palestiniens se seraient ralliés à l’islam politique des Frères musulmans mais parce que le Fatah a échoué à faire des Accords d’Oslo l’accord de paix tant attendu, qu’il s’est enfoncé dans l’échec et la corruption et que le Hamas a su, lui, faire pleuvoir sur Israël quelque deux mille missiles qui auraient pu détruire des quartiers entiers de Tel Aviv si les Israéliens n’avaient pas disposé d’un système d’interception aussi efficace.
Militairement défié par les Palestiniens comme il ne l’avait jamais été, Israël a résolu de décimer et détruire le Hamas. C’est ce qui explique l’intensité des bombardements de Gaza mais quels que soient les coups qui leur auront été portés, les islamistes se sont imposés en interlocuteurs obligés des Israéliens qui doivent déjà négocier avec eux par l’intermédiaire des services égyptiens.
C’est le deuxième enseignement de cette guerre et le troisième est que les trois Palestine, celle de la Bande de Gaza, celle des Territoires occupés de Cisjordanie et celle qui constitue 20% de la population israélienne sont désormais unies dans une même volonté d’opposer un front uni aux Israéliens.
Ça ne durera pas forcément mais, troisième enseignement de ces journées, Israël essuie là une sévère défaite politique au moment même où ses divisions internes s’approfondissent dangereusement entre laïcs et religieux, Ashkénazes, Sépharades et Russes, droite et gauche, partisans et adversaires d’un compromis avec les Palestiniens.
Quant au quatrième enseignement de ces combats, il est qu’Israël ne peut pas éternellement tabler sur son avantage militaire. Si les Iraniens avaient été en état de faire entrer en action les armements qu’ils ont massés en Syrie et au sud du Liban, Israël aurait subi d’immenses pertes humaines et matérielles dont il se serait difficilement relevé. La paix est une urgence, pour Israël avant tout.
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