C’est maintenant officiel. La Russie est en récession tandis que le rouble recommence à dévisser mais aucun de ceux qui expliquaient avec tant de certitude que les sanctions ne frappaient que ceux qui les imposaient n’aura pour autant reconnu s’être trompé.
On n’espérait pas qu’ils s’excusent puisqu’on veut les croire de bonne foi et que l’erreur est humaine mais des regrets, un « finalement non, j’avais tort » n’auraient pas été de trop car ces hommes et ces femmes, figures de l’extrême-droite ou commentateurs en vue, contribuent à faire l’opinion et sont comptables de leurs responsabilités. Or non, rien, rien qu’un silence aussi abyssal que ceux qui avaient suivi ces moments oubliés où les extrêmes-droites européennes ne trouvaient que vertus à MM. Trump et Poutine, applaudissaient les Brexiters, plaidaient un retour aux monnaies nationales et appelaient à sortir de cette « prison des peuples » que l’Union européenne était supposée être jusqu’à ce que les détenus britanniques la quittent sur un simple vote.
Le Brexit a tourné à la déconfiture de la Grande-Bretagne et de son parti conservateur. Donald Trump est devenu embarrassant pour les Républicains eux-mêmes. Personne ne peut plus nier que Vladimir Poutine ait porté la guerre en Ukraine sans l’ombre d’une justification possible. Quant à l’euro et à l’Union, les opinions européennes comprennent si bien leur nécessité en ces temps de tempêtes que leurs détracteurs se sont faits d’une exemplaire discrétion quand ils ne s’y sont pas convertis.
Comment donc ne pas constater que les nouvelles extrêmes-droites n’ont jamais eu raison sur quoi que ce soit ? Elles se sont trompées sur tout mais on a parfois le sentiment que ces obstinés de la méprise pourraient soutenir que 2+2 font 5 sans que cela leur coûte une seule voix car cela serait vu comme un bras d’honneur aux « élites ».
C’est grâce à ces extrêmes-droites que le président russe espère encore écraser l’Ukraine et rebâtir l’Empire des tsars. Il se dit qu’il lui faut tenir jusqu’à ce que son ami Trump revienne au pouvoir et que ses amis européens, Mme Le Pen en tête, y parviennent mais la droite américaine s’est lassée de sa star vieillissante, Mme Melloni prend soin de ne pas se désolidariser des Ukrainiens et même Mme Le Pen et son parti doivent bien voir aujourd’hui – non pas le dire mais le voir – que les sanctions marchent et que la contre-offensive ukrainienne fait reculer l’agression.
Alors aussi affligeante que soit la capacité de ces professionnels du n’importe quoi à toujours s’en sortir, l’important n’est pas là. L’essentiel est que M. Poutine soit dans une telle impasse qu’il n’ose plus guère se montrer, qu’une période russe tire si clairement à sa fin que même un Prigogine se prenne à rêver du pouvoir et que, parallèlement, rien n’aille plus non plus pour la théocratie iranienne.
Son Guide suprême s’appuie sur le président russe et vice-versa mais ces deux hommes et leurs régimes sont aux abois car s’ils ont le monopole des armes, ils n’ont plus les moyens de reprendre pied. L’eau monte et, contre le courant, ils s’épuisent.