La liberté mène 3-0 contre les dictatures et comment ne pas s’en réjouir ? Comment ne pas penser aux Iraniens, aux Ukrainiens, aux Chinois, aux Russes eux-mêmes et à tant d’autres victimes de tant d’autres satrapes qui se réjouissaient déjà de voir leur ami Poutine faire reculer la démocratie ?

La théocratie iranienne, d’abord, s’est résolue à faire examiner par ses parlementaires la loi qui avait rendu le voile obligatoire. Une mauvaise surprise n’est jamais exclue mais tout dit qu’on va vers un assouplissement et peut-être même un retour à la liberté de se couvrir ou non les cheveux puisque c’est à cela qu’appellent les courants les plus libéraux du régime, que le clergé lui-même est divisé, que les manifestations se poursuivent malgré la violence de la répression, que les femmes tendent à aller tête nue à Téhéran et que cette dictature, en un mot, n’a plus le choix.

Elle pourrait, bien sûr, continuer à faire tirer à la mitraillette sur des cortèges pacifiques mais cela n’a fait jusqu’à maintenant que jeter toujours plus de monde dans les rues, que détacher les régions kurde et sunnite d’un Etat essentiellement chiite et que faire passer le pays de la colère à la révolte et du rejet du régime à la révolution.

La théocratie doit lâcher du lest. Elle parait l’avoir compris mais peut-être est-il pourtant trop tard pour elle puisque des semblants de compromis ne suffiront plus et que de vraies concessions pourraient bien encourager ce pays à revendiquer tout à la fois sa modernité et les libertés démocratiques auxquelles il aspire.

Ne rêvons pas. Il n’en est pas encore temps puisqu’une dictature militaire pourrait succéder à la théocratie mais, tout comme la révolte iranienne de 2009 avait préfiguré les printemps arabes de 2011, une victoire de la liberté à Téhéran pourrait redonner espoir au Maghreb et au Machrek où couve aussi la révolte des femmes.

C’est à la loupe qu’il faut suivre Téhéran mais que dire alors de Beijing ? Xi Jinping venait d’y être intronisé nouveau Mao. Le congrès du parti avait fait un bréviaire de sa « pensée » et voilà que, patatras, des manifestants réclament sa démission et que ce mouvement doit être si fort – autrement plus fort qu’on ne peut le voir – que l’empereur de Chine lâche à son tour du lest en entrouvrant la porte des confinés.

C’est mieux que de s’obstiner dans l’erreur mais, afin d’éviter que les manifestations ne se généralisent, M. Xi prend le risque de laisser exploser l’épidémie parce que la population est peu vaccinée, que le vaccin chinois n’est d’ailleurs guère probant et que la politique du zéro-covid a interdit le développement d’une immunité collective. Quoi qu’il fasse, l’empereur de Chine va au-devant de difficultés d’autant plus grandes qu’il s’est fait beaucoup d’ennemis parmi les hauts-dirigeants du parti et les plus grandes fortunes du pays.

La roche tarpéienne est toujours aussi proche du Capitole et ce qui est vrai à Beijing l’est tout autant à Moscou. Là-bas aussi, Vladimir Poutine est seul maître à bord mais l’ennui pour lui est qu’il y a de moins en moins de monde sur le pont tant le nombre de ses partisans se réduit et tant il a autant de mal à renverser le sort des armes qu’à ralentir la baisse du niveau de vie. Le roi n’est plus loin d’être nu car ses affidés commencent à se dire qu’ils ne souhaitent pas sombrer avec lui.

C’est l’automne du tsar et, pendant que MM. Trump et Orban n’en finissent plus de se prendre les pieds dans le tapis, les Démocraties…

Comment dire ?

Rien ne pourrait y être plus compliqué car le gaz et l’électricité manquent, les grands partis sont au plus mal, l’inflation monte, les taux de popularité des dirigeants sont maigrelets et l’extrême-droite aux aguets. En Démocraties, rien ne va plus mais la liberté d’expression, les élections libres et l’alternance politique leur offrent les soupapes de sécurité dont les dictatures sont privées, les relations transatlantiques sont solidement resserrées, l’unité européenne est plus étroite que jamais et puis il y a l’essentiel.

Partout, la liberté est aussi aimée que la dictature est honnie.

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