Ce ne sera pas simple. Ce sera même sportif. Au-delà des questions d’hommes ou de femmes, l’essentiel est que ce processus d’investiture de la future Commission permette de ne plus mêler l’immigration et la défense du modèle européen et de ne surtout pas confier à un orbaniste les politiques d’élargissement et de voisinage. La logique le commande, mais au-delà de ces indispensables débats ?

         Dès que le Parlement aura amendé ce projet et que la Commission sera en place se posera la question du nouvel élan à donner à l’Union. La France, le groupe Renew et Mme von der Leyen se sont prononcés en faveur de l’institution d’une Conférence chargée d’y réfléchir, de définir des priorités et de faire des propositions aux Etats membres et à leurs citoyens.

         L’idée est bienvenue. Il serait même excellent que cette Conférence soit composée par tirage au sort afin que ses travaux fassent directement entendre la voix des citoyens de l’Union mais cela ne sera pas suffisant. Pour que s’ouvrent de nouveaux horizons, il faut aussi que les gouvernements nationaux fassent parallèlement leurs propositions afin de nourrir la discussion, de donner à voir ce qu’ils sont prêts à envisager et de clairement énoncer les nouvelles souverainetés qu’ils accepteraient de partager afin que leurs objectifs pour l’Europe puissent prendre corps.

         La démocratie directe et la démocratie représentative doivent, là, marcher main dans la main. La Conférence risquerait de n’être que bavardage et déception si ce n’était pas le cas mais à qui revient aujourd’hui l’initiative ?

         En temps normal ce serait à la FrançAllemagne, aux deux locomotives de l’Union alliées à l’Italie, troisième puissance européenne dès lors que la Grande-Bretagne parait vouloir rompre avec son Histoire, ses racines et ses intérêts. Ce serait le mieux mais Mme Merkel est sur le départ, trop occupée à régler sa succession pour prendre de vraies initiatives, tandis que la fragilité de sa nouvelle coalition condamne l’Italie à beaucoup de retenue sur les questions européennes. L’Espagne, quant à elle se cherche. Néerlandais et Scandinaves se méfient de tout ce qui pourrait conduire à des dépenses communes et reste, en un mot, la France dont le président a le temps pour lui et une volonté d’agir.

Conférence ou pas, que ce projet voit ou non le jour, il revient aujourd’hui à Emmanuel Macron de mettre sur la table les trois, quatre ou cinq ambitions qu’il propose à l’Union. L’une devrait concerner le climat car cette bataille est celle de notre survie et la plus consensuelle des priorités politiques. La deuxième, la Défense commune. La troisième, des investissements communs dans une ou plusieurs industries d’avenir. La quatrième, le codéveloppement avec la rive sud de la Méditerranée et la cinquième, nos rapports avec la Fédération de Russie, l’autre pilier du continent.

         Le jour où une avant-garde des 28 ou 27 Etats membres se mettrait d’accord sur tout ou partie de ces objectifs à dix ou quinze ans, la question institutionnelle serait réglée d’elle-même. Nous serions alors passés à une Union à plusieurs vitesses, en cercles concentriques, avec une Union politique au cœur d’un marché commun lui-même cimenté par les valeurs de la démocratie libérale.

Lire le discours d’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne

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