Intervention en séance plénière dans le débat sur le 30e anniversaire de la dissolution de l’Union soviétique et son importance pour l’avenir de la Russie et de l’Europe
Bernard Guetta, au nom du groupe Renew. – Monsieur le Président, mes chers collègues, c’était une chose inévitable, c’était une chose souhaitable, c’était une chose normale: il était normal qu’à la fin du XXe siècle, le siècle de la décolonisation, le siècle de la fin des empires – qu’ils fussent ottoman, austro-hongrois, français, britannique, portugais ou autres –, il était normal, inévitable et souhaitable que l’Empire russe arrive à sa fin.
Ce 30e anniversaire est un moment de joie, de joie pour tous ces peuples libérés, de joie pour la Russie elle-même qui s’est libérée d’un empire qui l’oppressait presque autant, si ce n’est plus, que les autres peuples de ce même empire. Alors, que dire aujourd’hui? Eh bien, deux choses à M. Poutine et une chose au peuple russe.
À M. Poutine, il faut dire qu’il est effarant, inadmissible et incompréhensible qu’en ce 30e anniversaire de la fin des empires, de l’Empire russe, il bâillonne Memorial, le mouvement qui s’acharne depuis 30 ans à restaurer la mémoire des victimes du système soviétique.
Et puis, Monsieur Poutine, la deuxième chose que nous voulons vous dire aujourd’hui, c’est que vous craignez, nous dites-vous, l’avancée de l’Alliance atlantique jusqu’à vos frontières. Oui, très bien, peut-être; c’est un argument qui peut s’entendre. Mais comprenez alors que nous puissions craindre, nous, la présence à nos frontières, celles de l’Union européenne, d’une armée aussi agressive que la vôtre, d’un pouvoir qui a annexé la Crimée et occupé de facto l’Ukraine orientale.
Et puis, au peuple russe, nous voulons dire que nous sommes certains et confiants qu’un jour, il reprendra sa marche vers la démocratie et qu’avec lui, avec une Russie démocratique, nous pourrons construire la stabilité et la prospérité de notre continent commun.